«  Dans un brouillard de rancœur je perds de vue le pardon.

Je suis un pavé en pierre et je crois que la guerre joue à cache-cache avec la paix et l'amour.

Le meilleur ami de la rancune, c'est forcément la discorde.

Dites-moi pourquoi elle déteste autant le pardon ?

Et je prends des cours de couture pour en découdre avec la haine.

Mon cœur est fatigué d'aimer, et peu à peu je me détruis.

Voilà la prix à payer pour la faute que je n'ai pas commise. »

Nina

La solution contre la colère et la culpabilité qui nous rongent de l'intérieur est le Pardon.

Vous allez me dire que je cède à la facilité, ou que je fais preuve de faiblesse face à l'adversité. Il ne s'agit pas de cela en réalité. Il s'agit de se réparer, de se soigner, de survivre dans un monde qui nous semble de plus en plus dangereux.

Pardonner ne signifie pas se réconcilier avec l'autre, il s'agit plutôt de se libérer de son emprise.

Pardonner a pour but de sortir du rôle de victime que l'on porte inconsciemment : « Le monde m'en veut, le système est contre moi, personne ne m'aide, je suis seul... »

Le pardon n'efface pas la responsabilité de la personne à qui on doit pardonner, il n'est pas un signe de faiblesse. C'est, en réalité, un cadeau que l'on se fait à soi-même en disant à l'autre : « je te rends ta part, je garde uniquement ce qui m'appartient ».

Il est possible de pardonner à l'autre même si celui-ci n'a rien demandé et ne se montre pas particulièrement touché par votre situation. C'est un choix que l'on fait avant tout pour soi, j'enlève à l'autre le pouvoir que je lui ai donné d'avoir un impact sur ma vie.

Cela ne signifie pas non plus cautionner ses actes, ni de mettre en relief les fautes de l'autre.

Pardonner signifie s'ouvrir des possibilités, des ouvertures, des points de lumière dans son esprit.

Tant que l'on reste focalisé sur notre souffrance, sur la douleur que les autres nous infligent, il n'y a pas de pardon possible. Je choisis alors de guérir ma relation à l'autre, au monde afin de ne plus souffrir et d'être sur la voie du pardon.

Cela paraît simple à dire mais tellement difficile à réaliser... Cela demande en effet un véritable travail intérieur, qui peut être mené avec l'aide d'un thérapeute. L'idée est de rétablir notre connexion avec notre être profond, débarrassé des poids qui nous encombrent. On peut appeler cela renouer avec sa spiritualité sans connotation religieuse, c'est une façon de vivre le présent pleinement connecté à soi et cela demande de l'entraînement.

Concrètement, comment mettre le pardon en pratique ?

La première étape et certainement la plus difficile est de cesser de réagir à tout, tout le temps. Récupérer ses projections, accepter ses zones d'ombre et apprendre à ne plus être affecté par les agressions extérieures.

La seconde étape consiste à se tourner vers soi, travailler sur sa culpabilité et demander de l'aide si besoin.

Enfin, se reconnecter à soi afin de lever ce masque en faux-self que je présente au monde. Être authentique dans mes relations à l'autre, lâcher-prise sur ce qui ne dépend pas de moi et faire ses propres choix débarrassé de l'emprise de l'autre.

Il y aura sur ce chemin des résistances, des retours en arrière car l'ego est très fort et ne veut pas lâcher prise par crainte de perdre son identité. Après tout, ne dit-on pas que ce sont les épreuves qui nous ont forgé et lâcher prise sur des souvenirs douloureux signifierait en quelque sorte les oublier ?

En réalité, ce qui nous retient, c'est la peur : peur de se perdre, peur du changement, peur de perdre l'autre... Travailler sur ses peurs et faire la distinction entre la partie fantasmée de la partie réelle est alors très important.

Les pistes thérapeutiques pour vous aider dans cette démarche sont la méditation de pleine conscience, l'auto-hypnose, la sophrologie, la spiritualité, la psychanalyse...

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Sources :

Conférence sur le Pardon par Philippe Pencalet.

Gustave-Nicolas Fischer, Pardonner, guérir des blessures de la vie, Odile Jacob, 2023.