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L'hypnose est-elle dangereuse ?

L'hypnose est-elle dangereuse ?

Lundi, 1 Juillet 2024

L'affaire Gérard Miller a révélé la dangerosité d'une pratique thérapeutique considérée jusqu'alors comme peu risquée. Mais est-ce la pratique qui est risquée ou est-ce une affaire de thérapeute ?

L'hypnose, comme n'importe quelle thérapie, peut présenter une forme de risque en fonction du thérapeute sur lequel vous tombez.

Il existe un risque de détournement du soin psychique à des fins perverses. Certains thérapeutes à la personnalité perverse aiment exercer leur pouvoir de suggestion en passant par la domination de l'autre. Ils aiment chosifier leur patient, en faire leur marionnette. Ceci est rendu possible par l'existence de failles narcissiques chez le patient, c'est-à-dire de carences affectives n'ayant pas permis au sujet de construire une estime de soi suffisante pour faire face au monde. Cela laisse une béance, une faille que le thérapeute pervers peut exploiter à souhait pour soutirer un maximum d'argent, sous couvert de mensonges sur une prétendue guérison miracle.

Cela signifie également qu'il y a une part inavouable, inconsciente chez le sujet qui consent à subir certaines formes de violences, de harcèlement. Cette part autorise le Moi inconscient du sujet à être maltraité, légitimant en quelques sorte les actions perverses de l'autre. Il s'agit de punir, de sanctionner la mauvaise part en soi. Et cela découle d'une mauvaise estime de soi laissant une brèche entre-ouverte et la possibilité à la perversion d'autrui de s'exprimer.

Ensuite, l'hypnose demande une certaine technicité de la part de l'opérateur. Après tout, celle-ci consiste à abaisser les défenses du sujet pour conduire les suggestions bénéfiques à infiltrer l'inconscient. Dis comme cela, on entrevoit toutes les possibilités de malfaisances qui se cache derrière cette pratique. Et pourtant, l'inconscient est ainsi structuré qu'il est difficile de faire passer en hypnose quelque chose que le sujet refuse catégoriquement. Il trie, analyse, conserve ce qu'il juge bon pour lui (mais pas toujours bon pour le sujet) et s'oppose fermement à ce qui lui nuit.

Eric Bonvin, psychiatre et spécialiste en hypnose médicale écrit ceci : «  La personne accepte de se donner à quelque chose mais ce quelque chose est rarement ce à quoi elle s'attend, tout se fait à l'insu de la conscience. »

L'hypnothérapeute a le devoir de maîtriser toute la technique hypnotique afin de gérer ce que l'inconscient peut faire ressortir sous hypnose. Les mauvaises réactions sont rares, mais parfois l'hypnose révèle des souvenirs enfouis et il est nécessaire de ne pas laisser le patient partir sans explication ou orientation médicale.

Alors, l'hypnose est-elle dangereuse ou non ?

Mon opinion est que cela dépend essentiellement de l'opérateur. Une séance d'hypnose mérite d'être expliquée, démystifiée afin de rassurer le consultant. Celui-ci doit pouvoir aborder toutes les questions qu'il se pose afin de se sentir en confiance, et il doit fuir si il sent que quelque chose ne lui correspond pas (une position hautaine du thérapeute, des réponses trop vagues, pas de questions sur sa demande etc), cela me semble aussi important que la séance en elle-même. L'hypnothérapeute doit également pouvoir répondre à toutes les questions concernant sa formation.

Vous retrouverez cet article sur ma page Facebook Mylène Le Cornu – Psychopraticienne & Hypnothérapeute. Si vous souhaitez laisser un commentaire, je vous invite à suivre ma page https://www.facebook.com/profile.php?id=100088995155152

Source : magasine Psychologies n°457, mai 2024, article L'hypnose une pratique à haut risque (p.36 à 38).

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